Article originalÉpitope partagé des allèles HLA–DRB1 et sex-ratio chez des patients italiens atteints de polyarthrite rhumatoïdeShared-epitope HLA–DRB1 alleles and sex-ratio in italian patients with rheumatoid arthritis♢
Introduction
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie chronique, caractérisée par une altération de la réponse immune, une inflammation et une hyperplasie synoviale, menant à une destruction irréversible des articulations. Les symptômes cliniques de la PR varient considérablement d’un individu à un autre et la PR pourrait constituer finalement un ensemble de maladies hétérogènes. Plusieurs marqueurs biologiques ont été évalués dans le but d’identifier des sous-groupes de profils cliniques distincts et de définir des critères de prédiction cliniques de la PR [1]. Il est largement admis que des facteurs génétiques et environnementaux contribuent à la susceptibilité et à la sévérité de la maladie. Des études suggèrent fortement que les gènes codant les molécules de classes II du HLA sont les plus fortement impliqués [2]. La fréquence élevée de HLA–DR4 dans la PR a été rapportée par Stastny [3] puis par d’autres équipes [4], [5]. De plus, certaines études montrent que les patients HLA–DR4 présentent plus souvent et à taux plus élevés, le facteur rhumatoïde (FR) [6], [7]. Mais certains travaux ont fourni des résultats contradictoires [8], [9], [10], [11]. Les différences constatées entre les différentes études pourraient être dues à l’inclusion de patients atteints de PR séronégatives. Il se pourrait en effet que des patients sans FR, présentant d’autres arthropathies inflammatoires ressemblant à la PR, aient pu être inclus dans différents centres. Certaines équipes ont suggéré que les facteurs HLA de prédisposition à la PR, ne sont pas des molécules codées par un seul allèle DRB, mais plutôt des épitopes d’une ou plusieurs séquences d’acides aminés partagés par différentes molécules DR–bêta. L’analyse détaillée des séquences codées par les allèles HLA–DRB1 (*01, *04 et *10) associés à la PR dans la plupart des populations a mené à l’hypothèse de l’épitope partagé [12] pour expliquer la prédisposition à la PR. Le motif de la troisième région hypervariable (HVR3) de la chaîne DR–bêta QKRAA (dans DRB1*0401), QRRAA (dans DRB1*0404, *0405, *0101, *0102) et RRRAA (dans DRB1*l00l) est situé au milieu des 2 hélices alpha délimitant la poche de liaison au peptide de la molécule HLA–DR. L’explication la plus simple est que ces molécules présentent des peptides d’auto-antigènes potentiels à des cellules T.
Dans notre étude, nous avons réalisé un génotypage ADN de tous les allèles DRB dans un large groupe de patients atteints de PR et de témoins afin d’évaluer le rôle des chaînes DR–bêta et de leurs épitopes dans le développement de la PR. Des oligonucléotides spécifiques ont été utilisés pour détecter la présence de codons responsables de la formation d’épitopes corrélés au risque.
Chez nos patients, une prévalence plus faible d’association de la maladie à HLA–DRB1 a été observée par rapport à des études précédentes portant sur des sujets hospitalisés en Italie [13] ou en Europe du nord [14] et atteints d’une PR confirmée. La distribution relativement hétérogène des allèles HLA–DRB parmi nos patients pourrait refléter l’hétérogénéité de la population de patients atteints de PR, avec une plus forte proportion de patients présentant une maladie d’intensité moyenne, moins souvent associée à la séquence conservée d’HVR3 [15].
Section snippets
Patients et témoins
Deux cent soixante-quatre patients ont été inclus dans cette étude. Le rapport femme/homme était de 192/72. Le diagnostic de PR et la classification étaient établis selon les critères de l’ACR [16]. Les données obtenues chez 532 volontaires sains italiens ont été incluses dans cette étude. Le typage HLA de ces individus a été réalisé dans notre laboratoire en utilisant les mêmes méthodes au cours des 4 dernières années pour des programmes de constitution de banques de cellules souches
Résultats
Le Tableau 1 montre les caractéristiques principales de notre série de patients. L’âge moyen lors de la dernière visite variait entre 24 et 91 ans, et la durée moyenne de la maladie était de 3,7 années (de 1,2 à 9,9 années). Vingt-neuf pour cent des patients étaient porteurs de FR. Les prévalences d’érosions osseuses et de manifestations extra-articulaires étaient de 37 et 21 %, respectivement 120 patients (46 %) avaient des allèles HLA–DRB associés à la maladie. Vingt-trois patients
Discussion
Notre étude confirme l’association entre HLA–DR4 et la PR, laquelle avait déjà été mise en évidence auparavant au sein de la population italienne. En particulier, nous avons montré que DRB1*0401 est le seul sous-type DR4 atteignant une différence statistiquement significative. Nous montrons également une tendance vers une association positive entre la PR et DR1, surtout due au sous-type DRB1*0102 et DR10. Cette dernière spécificité est typiquement associée à la PR dans les populations
Remerciements
Ce travail a été subventionné en partie par des bourses universitaires accordées à SMB et BP.
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2008, Revue du Rhumatisme (Edition Francaise)HLA polymorphism and early rheumatoid arthritis in the Moroccan population
2008, Joint Bone SpineCitation Excerpt :This observation could reflect a feature of the Moroccan population; however it would be desirable to augment the size of the sample to confirm this observation. Association between HLA-DRB1 alleles and RA was reported by several studies [4,15–19], more specifically with DRB1*04, DRB1*01, DRB1*10 and DRB1*14 alleles. We confirm here the association with the DRB1*04 allele in the seropositive patients.
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Pour citer cet article, utiliser ce titre en anglais, et sa référence dans le même volume de Joint Bone Spine.